lundi 12 avril 2010

De quoi l'islamophobie est-elle le nom ?


Dix-huit coups de couteaux dans l'enceinte d'un tribunal allemand, « démocratie occidentale exemplaire »; voilà ce qu'à reçu Marwa El Sherbini jeune égyptienne pharmacienne de formation, mère d'un enfant de 3 ans et enceinte de 3 mois. Tuée par un jeune allemand qui la considérait comme une terroriste, une islamiste parce que musulmane voilée. Comment en est-on arrivé là ? Qu'est-ce qui a pu permettre un tel déferlement de haine ? La folie d'un homme seul ? Réponse facile que certains se sont empressés d'évoquer. L'islamophobie ici est patente. Ceux qui nient son existence continueront pour mieux cacher leur complicité implicite des prochains crimes islamophobes. Surtout en France, où le crime n'a pas fait la une des journaux contrairement à la nouvelle croisade des biens-pensants: la burqa. Serait-ce illogique de voir dans tout cela un lien ? D'essayer de comprendre ce qui se cache derrière toute cette déferlante islamophobe en Occident ?
J'aimerais commencer par donner différentes motivations, qui toutes ont une part de responsabilité dans ce crime qu'est l’islamophobie. D'abord et avant tout l'islamophobie est simplement un racisme déguisé en critique religieuse. En France, cela peut passer de se dire islamophobe mais c’est plus difficile de se déclarer raciste. On prend alors le prétexte de la religion pour casser du basané, du noir, de l'arabe, du jeune de banlieue diront certains (dixit Eric Zemmour).
Le deuxième nom de l'islamophobie est spécifiquement français, c'est le laïcisme. Les laïcards, qui sous prétexte de la séparation de l'église et de l'état font tout pour diaboliser et stigmatiser les musulmans. Cela a commencé par une loi d'exception qualifiée de raciste par Human RightsWatch. Ce racisme déguisé est appliqué dans toute la société, de la maternité à l'université : certains veulent faire manger du porc à des musulmans au nom de la laïcité, d'autres excluent des étudiantes musulmanes voilées de l'université au nom de la laïcité. Dans les hôpitaux, l'arrêt du remboursement par la SS de la circoncision est symptomatique du climat islamophobe. De plus certains hôpitaux se permettent de donner des repas laïcs, c'est-à-dire haram, à des musulmans et empêchent certains patients de choisir leurs médecins. Dans la justice on remet en cause le droit pour mieux stigmatiser encore et toujours les mêmes populations. Sans parler des faits divers hautement symboliques : refus d'entrée dans des festivals, des mairies, à l'école, dans des bus sous prétexte de la laïcité systématiquement passés sous silence. Si cette laïcité-là n'est pas de l'islamophobie, eh bien, moi je suis le pape en personne.
Spécifiquement à la France il y a aussi cette haine, ce mépris général de tout ce qui est religieux, qu'un jeune catho dise qu'il va à la messe le dimanche et tout de suite on va se moquer de lui. Que cette théophobie, « religiosophobie » aurait dit Vincent Geisser, ait des explications dans l'Histoire mouvementée de la France entre le peuple et l'Eglise, je n'en doute pas. Mais le fait est que ce sentiment mélangé à de l'ignorance favorise grandement l'islamophobie. Comble de l'ironie ces ignorants théophobes se retrouvent alliés de fait avec les intégristes, les extrémistes religieux chrétiens qui voient dans l'islam le retour de leurs croisades antimusulmans.
Ensuite puisque tout phénomène ne nait pas hors contexte mais d'une Histoire. Il se trouve que la mondialisation impérialiste voit dans l'Islam un obstacle à sa déferlante consumériste, matérialiste, usurière et libertine: trouvant dans l'islam le prétexte parfait pour vendre son idéologie et militariser le monde au travers de sa prétendue quête de sécurité.
Et pour ne pas être en reste et rajouter à la polémique, last but not least, l'islamophobie a aussi pour nom une fameuse idéologie. En grattant bien derrière toutes les motivations que j'ai précédemment citées on peut leur trouver des accointances avec nommément le sionisme et plus particulièrement le national sionisme, sa version extrémiste et éradicatrice de toute velléité de résistances de la part des arabes, des musulmans. Nous savons qu'en son temps Tariq Ramadan pour avoir évoquer le lien de certains prétendus intellectuels humanistes avec le national sionisme et leurs prises de positions islamophobes a essuyé critiques, calomnies et censure. Cependant on ne remettait pas en cause le fond de ce qu'il affirmait mais plutôt la forme de ses affirmations. Mais regardons la vérité en face, des sites d'extrême-droites racistes et blancs s'allient avec des extrémistes sionistes. Des islamophobes anti-arabes sont accueillis à bras ouverts par des organisations sionistes. Des livres polémiques sur la condition des femmes, sur les jeunes en banlieues et à l'école, écrits par des auteurs en mal de renommée sont soutenus par des intellectuels largement pro-israéliens. Ces soi-disant défenseurs de la laïcité contre un islam agressif qui jugent toute critique d'Israël antisémite. Des extrémistes chrétiens souvent antisémites alliés objectifs des sionistes crachent et insultent l'Islam.
Et bien sûr autour de ces différents noms de l'islamophobie gravitent toujours les mêmes lâches, vendus, traîtres, hypocrites et autres supplétifs de la haine. Pas besoin de les nommer ce sont en général toujours les mêmes qu'on médiatise.

dimanche 17 janvier 2010

"Vos Gandhi palestiniens existent … dans des tombes et des prisons"!

Très belle lettre ouverte de Alison WEIR, dans CounterPunch de ce week-end, à propos de la résistance non violente en Palestine... et de ce qu’Israël en fait.

Cher Bono,

Dans votre récent article du New York Times, « Dix pour la prochaine décennie », vous écriviez : « Je mettrai mes espoirs dans la possibilité – si lointaine soit-elle pour le moment – que… dans des lieux pleins de rage et de désespoir, des lieux tels que les territoires palestiniens, des gens vont à l’avenir trouver parmi eux leur Ghandi, leur Martin Luther King, leur Aunt San Suu Kyi ».

Votre espérance s’est déjà réalisée dans les territoires palestiniens. Malheureusement, ces Ghandi et Martin Luther King ont été tués et jetés en prison.

Le jour même où paraissait la Tribune libre où vous formuliez l’espoir de tels leaders, ils se morfondaient dans des geôles israéliennes. Personne ne sait combien de temps ils seront détenus, ni dans quelles conditions. La torture est une pratique commune dans les prisons israéliennes.

Au cours des six dernières années seulement , au moins 19 Palestiniens ont été tués lors de manifestations non violentes contre le mur israélien de l’apartheid, qui confisque des terres agricoles palestiniennes et rend captifs les Palestiniens. Beaucoup d’autres ont été tués en d’autres endroits des territoires palestiniens tandis qu’ils prenaient part à des activités non violentes. Des centaines ont en outre été arrêtés et jetés en prison.

Récemment, Israël a engagé une campagne d’incarcération contre les meneurs de divers mouvements de marches et de manifestations hebdomadaires qui ont lieu dans de petits villages palestiniens, loin de l’attention des médias.

Le premier Ghandi palestinien raflé dans cette récente entreprise de purge était le jeune Mohammad Othman, arrêté le 22 septembre tandis qu’il rentrait chez lui après une prise de parole en Norvège sur les stratégies non violentes opposables à l’oppression israélienne et à la confiscation des terres. Voilà 107 jours qu’il est détenu sans inculpation, la plus grande partie de ce temps isolé en confinement. Le second était Abdallah Abu Rahma, instituteur et cultivateur, arraché de sa maison le 10 décembre, le seul à être inculpé d’un délit grave.

Après l’avoir retenu durant plusieurs jours, Israël l’a finalement accusé de « détention illégale d’armes » - en référence à l’emblème de la paix qu’il avait façonné à partir de cartouches usagées de gaz lacrymogènes et de balles qu’Israël avait tirées contre des manifestants non violents. (C’est une de ces cartouches qui avait transpercé le crâne de Tristan Anderson, un Américain qui était en train de photographier les suites d’un défilé non violent – ce qui avait nécessité l’ablation d’une partie du lobe frontal ).

Le troisième était Jamal Jumah’, un vétéran de la résistance populaire, emmené par les forces d’occupation israéliennes le 16 décembre et actuellement maintenu menotté et souvent avec les yeux bandés tout au long des procédures kafkaiennes de l’armée israélienne. Les Palestiniens ont été engagés dans la non violence depuis des décennies.

La dernière fois que j’ai été à Naplouse, on m’a parlé d’une démonstration non violente de grande ampleur qui avait eu lieu en 2001 – les estimations allant de 10.000 à 50.000 hommes, femmes et enfants palestiniens participant à une marche non violente. Tous les secteurs de Naplouse s’étaient associés pour son organisation : personnages officiels, les divers partis, des religieux, des laïcs, des musulmans, des chrétiens.

Modelant leur action sur les images de Martin Luther King, ils marchaient la main dans la main, en croyant qu’Israël ne les tuerait pas et que le monde leur prêterait attention. Ils avaient tort sur l’un et l’autre point. Les forces israéliennes ont immédiatement abattu six personnes et en ont blessé beaucoup d’autres. Et personne n’en sait rien. Pour Si les Américains savaient, nous sommes en train de préparer une vidéo pour remédier au silence ; pour les morts, il n’y a rien que nous puissions faire.

Mais vous, Bono, pouvez faire beaucoup. Vous pouvez faire usage de votre talent et de votre notoriété pour faire connaître ces faits au monde. Vous pouvez écrire une tribune libre au sujet des Gandhi palestiniens emprisonnés et demander leur libération. Vous pouvez célébrer ces Martin Luther King palestiniens auxquels vous aspiriez, et en les célébrant, sauver leurs vies.

Car la réalité est que la non violence n’a de pouvoir qu’à la mesure de sa visibilité dans le monde. Quand elle est rendue invisible du fait qu’elle est passée sous silence par le New York Times, l’Associated Press, CNN, Fox News et d’autres, ceux qui la pratiquent sont en danger de mort, et leurs efforts pour recourir à la non violence contre l’injustice sont ruinés.

Dans le New York Times, vous avez ouvertement proclamé votre foi dans la non violence. Voici l’occasion de démontrer votre engagement. Suivent une liste de partisans de la non violence victimes de la repression israelienne victimes et des références.

http://alisonweir.org/